4 janv. 2011

Un veilleur peut-il tout dire ?

La question peut sembler idiote : le rôle du veilleur n'est-il pas justement de porter à la connaissance d'autrui une information ? Si l'information est un élément stratégique, il semble donc évident que plus un veilleur dit de choses intelligentes (comprendre : plus il porte à la connaissance d'autrui des informations pertinentes), mieux c'est.

Et pourtant. Il s'avère qu'il peut être parfois difficile de dire certaines choses. Cette barrière peut se situer à deux niveaux :
1. Au niveau du veilleur lui-même.
2. Au niveau du bénéficiaire de la veille.

Concernant le premier point, il s'agit d'abord de la question de l'identification de l'émetteur d'une information : doit-on donner suffisamment d'informations qui permettraient d'identifier un internaute dans la vraie vie ? Est-ce que c'est souhaitable ? J'aurais tendance à dire qu'il n'y a pas de règle générale, et qu'il est de la responsabilité du veilleur de juger, au cas par cas (voir d'ailleurs la récente charte éthique des études web, signée par le PDG d'AMI Software et le coprésident de l'Adetem). 

S'il s'agit de rumeurs infondées, il faudra évidemment identifier son auteur au plus tôt afin de mettre en place une stratégie de réponse adaptée. S'il s'agit d'une critique produit, cibler le profil du consommateur est important, etc. Reste ensuite à savoir tracer la frontière entre devoir d'information et respect de la vie privée... Même si rien n'empêche ensuite le destinataire de la veille d'aller faire un petit tour sur Google une fois le vilain identifié.

Tout dépend de la politique du commanditaire et de son approche du web ; si pour lui, le web est un espace de dialogue et d'échanges, pas de problème. En revanche, s'il perçoit le web comme un espace dangereux et incontrôlable (ce que certaines déclarations politiques ne risquent pas d'arranger), souvent par méconnaissance des nouveaux territoires d'expression, ça peut se gâter : qui me dit que le blogueur qui ne faisait qu'user de sa liberté d'expression ne  risque pas de se retrouver, dans certains cas, l'objet des foudres d'un quelconque service juridique, qui ne se sera pas préalablement renseigné sur l'existence de méthodes plus "soft" ?

Concernant le second point, outre le fait qu'il est toujours plus facile d'entendre ce qui nous plaît (comme on lit plus facilement les articles de journaux qui nous confortent dans notre point de vue), il est également possible que le destinataire lui-même "censure" certaines des informations qui lui sont transmises, et ce pour plusieurs raisons, et qui peuvent être imputées (mais pas toujours) à un manque de culture de l'information : 
- Ménager les susceptibilités en interne ("Oulah, t'as vu la e-reputation de F. Lefebvre ? nan on peut pas envoyer ça comme ça, c'est pas possible..."), 
- se protéger soi-même ("Ah bon ? seulement 4 retweets pour ma campagne de com' à 2 millions ? Hem..."),
- garder une information dans le but de conquérir le monde, car l'information n'est-elle pas (à plus ou moins long terme) source de pouvoir ? ("Tant que le service machin ne sait pas ça, ça me laisse une longueur d'avance sur le service truc au sujet du projet bidule"),
- sûrement d'autres qui ne me viennent pas spontanément à l'esprit.

Bref, tout ça fait appel, à mes yeux, à plusieurs paramètres : l'éthique, la connaissance de la valeur d'une information, et le rapport culturel à l'information. Une équation dans laquelle les professionnels de l'information (en particulier en matière de sensibilisation) ont un rôle central à jouer !

26 nov. 2010

La carte et le territoire (1)

Pardon pour le titre, c'était trop facile... Point ici de dissertation littéraire, mais plutôt un petit précis de cartographie virtuelle, première partie.

Cartographier un territoire, à quoi ça sert ? Ca sert à se repérer, à savoir où aller.  A représenter des données sur un support en les simplifiant afin de permettre une compréhension rapide et globale d'un environnement complexe. Un peu l'antithèse d'un Powerpoint de l'armée américaine quoi...

Comme dans beaucoup d'autres domaines, le web 2.0 a apporté son lot d'innovations dans ce domaine (en excluant la question de la géolocalisation, qui est encore autre chose) : 

- En matière de cartographie augmentée du territoire réel (comme une carte IGN, mais avec plein de fonctions utiles ou pas), avec le bien connu Google Earth (dans le même genre, il y a aussi NASA World Wind, moins connu, Wikimapia - qui marche très mal, ou... Map World pour nos amis chinois). 

Idéal pour savoir si la mer en face de l'hôtel 2 étoiles à Roswell-sur-Gougnon est vraiment bleu turquoise ou plutôt vert-algue :) Même qu'on peut aussi s'en servir pour essayer de retrouver l'Atlantide, se baigner dans des piscines ou plein d'autres trucs (comme traquer les contribuables soupçonnés de fraude fiscale...)

- Concernant les cartographies plus classiques, les Mappy, Openstreetmap et consorts (c'était juste pour ne pas continuer à faire de la pub pour Google...) ont plutôt une vocation utilitaire : Par exemple, comment aller de Jaunay-Clan à Néons-sur-Creuse sans prendre l'autoroute ? Des fois, ça peut aussi servir d'alibi pour envahir un pays par contre.

- Les cartes peuvent aussi servir à raconter des histoires, à mettre en scène une information pour la rendre plus intéressante et plus claire (voir le très bon site PopulationData), dans l'esprit du journalisme de données, cette nouvelle forme de journalisme au sujet de laquelle la France a quelques kilomètres de retard...

Mais les cartes ne servent plus seulement à représenter des territoires physiques ou des informations s'y rapportant. Elles peuvent également servir à représenter des territoires numériques, ce qui sera l'objet de la suite de ce billet !

15 sept. 2010

Le RSS c'est comme Chuck Norris, ça ne peut pas mourir

Après l'annonce de la fermeture du vénérable Bloglines (mon premier agrégateur, snif), lancé en 2003 et propriété d'Ask.com, on annonce un peu partout que c'est le début de la fin du lecteur RSS, voire carrément du RSS tout court. Argument renforcé par la chute du trafic de Google Reader (-27 % en un an).

C'est oublier que le RSS, c'est d'abord une technologie, un format standard (donc compatible, donc adoptable par un écosystème). Et on ne peut pas tuer une technologie. Prenons Twitter (au hasard) ; hé bin le RSS, c'est justement un des moyens mis à disposition de l'internaute pour suivre l'actualité de son compte.

Le véritable changement se situe en fait davantage au niveau des usages : c'est la consécration des réseaux sociaux, de l'approche horizontale de la consommation d'information. Le filtrage automatique laisse la place au filtrage humain. 

Mais ! Il y a quelques raisons pour lesquelles le lecteur RSS reste, à mon sens, indispensable. Et ce tant au niveau de la pertinence des résultats, qu'au niveau des usages (surtout) que les réseaux sociaux ne permettent pas (et là je parle en tant qu'internaute lambda, pas en tant que veilleur. Dans ce dernier cas, les arguments sont encore plus nombreux) :

- Je ne me vois pas suivre sur Twitter ou être ami sur Facebook avec tous les auteurs de blogs et sites d'infos que je suis via mon Netvibes (oui, j'utilise Netvibes et j'assume...). Des fois je sais pas qui c'est, des fois j'ai pas envie d'être leur pote, etc. Certains espaces, j'y vais juste pour m'informer, pas pour subir du journalisme LOL de la part des gens qui sont derrière ou leurs états d'âme.

- Même si je suis sur les réseaux sociaux des gens qui potentiellement ont les mêmes centres d'intérêt que moi, je n'ai malheureusement pas encore trouvé mon clone. Il y a toujours une part importante de "déchets" de la part des membres de mon réseau, des trucs publiés qui ne m'intéressent absolument pas. Via un lecteur RSS aussi, mais j'ai l'impression que le taux de déperdition est moins élevé (mais je me trompe peut-être !)

- Et surtout, s'informer uniquement via les réseaux sociaux, ça suppose d'être rivé à son écran 24h/24, 7j/7. Je sais que grâce à la technologie de nos jours c'est plus simple mon bon monsieur, mais bon. Il suffit de pas être rivé sur sa timeline et hop ! l'info est passée et vous l'avez pas vue. Et y'a plus qu'à aller la chercher (si tant est qu'on sait qu'elle existe !). Alors qu'avec un lecteur de flux, tout est agrégé, stocké, et les infos attendent sagement d'être lues.

C'est un peu comme dire que Twitter va remplacer les blogs : on compare des choses qui ne se ressemblent pas. Enfin ce n'est que mon humble avis...

5 sept. 2010

Un guide pratique de la e-réputation à l'usage des entreprises - et contre exemple

Il y a quelques semaines, Amine et Amal, auteurs du Digital Reputation Blog, m'ont fait l'honneur de pouvoir écrire quelques lignes à l'occasion de la parution d'un guide pratique collaboratif sur l'e-réputation à l'usage des entreprises.

Avec, dedans, une belle brochette de professionnels de la veille et de l'e-réputation (Frédéric Martinet, Gautier Barbe, Aref Jdey, etc. etc.) qui se sont essayés à un (difficile) exercice de synthèse sur les questions suivantes :

- E-réputation : de quoi parle-t-on ?
- Quels enjeux pour les entreprises dans le web social ?
- Comment adapter les valeurs de l'entreprise aux valeurs du web social ?
- Quels sont les dispositifs nécessaires pour mettre en oeuvre une stratégie web social ?
- Etc.

Ironie du sort, il se trouve en plus que depuis quelques jours toute la pertinence de mettre en place une stratégie de e-réputation se trouve parfaitement illustrée par... une agence d'e-réputation, récemment arrivée sur le marché et qui, manifestement, aurait tout intérêt à lire ce guide. Ca vaut son pesant de retweets...

 

12 juil. 2010

Le Time fait le grand écart

La tendance au retour au payant de la presse en ligne se confirme. Après l'annonce par Robert Murdoch de sauver le Times des griffes de l'ogre Google, le Time Magazine (celui-ci sans "s" puisqu'il s'agit de l'hebdomadaire américain) annonce carrément qu'il se casse du web.

Certes, le site vitrine du magazine est toujours là, mais les articles sont maintenant accompagnés de la mention suivante :

http://www.time.com/time/specials/packages/article/0,28804,1991933_1991952_2002543,00.html

En gros, ce sont les deux extrêmes : soit on se procure la version papier, soit on télécharge la version iPad. Exit le reste.

La version iPad coûte 3,99 dollars. La tablette connaît certes un beau succès aux Etats-Unis (3 millions d'exemplaires vendus), et je ne connais pas les chiffres de fréquentation du site tel qu'il fonctionnait avant, mais tout ça me paraît un tantinet risqué.

Certes, l'Ipad est excellent pour lire les journaux, mais pour espérer compenser la perte des lecteurs de la version web, les projections de vente ont intérêt à être sacrément bonnes. En plus, il n'est pas dit que les lecteurs web ne se tourneront pas vers un concurrent direct, lui toujours accessible gratuitement (même si à ce train-là il ne vas pas en rester beaucoup)...


Mais l'autre avantage de l'Ipad, c'est qu'il rend très difficile la duplication de contenus (il est quasiment impossible de faire un copier-coller sauvage), une marque de fabrique du logo à la pomme ; les éditeurs restent maîtres de leurs contenus (voir le modèle iTunes).

Ce n'est que mon humble avis, mais je me dis que la stratégie du journal consiste peut-être à conserver un temps les deux versions pour, à terme, ne garder que la version Ipad.

Bref, tout ça pour dire que si ça continue, on va devoir se trimballer avec cinquante terminaux différents en fonction de ce qu'on va vouloir lire ou faire. Plus inquiétant encore est cette tendance au repli sur soi des médias en ligne, qui est bon pour leur portefeuille mais pas pour la démocratie.

Ce dernier point, j'essaierai d'y revenir dans un prochain billet, qui sera disponible sur ordinateur ET sur Ipad, parce que c'est mieux (et que toute façon je gagne pas de sous avec).

28 juin 2010

De la dure condition du métier de veilleur


Un billet un peu décalé, puisque ça va parler boulot, et plus précisément des conditions parfois difficiles dans lesquelles un veilleur doit l'exercer. Bah oui quoi, veiller c'est pas facile tous les jours. 

Le veilleur a la tâche gratifiante d'écouter les gens parler, ce qui lui permet d'apprendre plein de trucs (plus ou moins utiles) et d'être au courant de ce qui se passe dans le monde. Comme il bosse beaucoup, au moins ça lui permet de ne pas utiliser tout son temps libre à lire le journal, ce qui est quand même pas mal.

Le revers de la médaille, c'est qu'il faut tout écouter. Dans la vraie vie, on a pas (toujours) ce problème, suffit de dire au relou d'aller se faire voir. Mais là, c'est comme si on était dans un bar, avec un calepin, et qu'il fallait prendre note de tout ce que les gens disaient... Vous voyez le tableau quoi.

Mais bon c'est comme ça. Ca permet de côtoyer plein de gens différents, aux centres d'intérêt des plus... variés (même constat pour le degré d'intelligence). Bref on voit plein de trucs. Et c'est parfois affligeant.

Comme je rédige ce billet hop comme ça, je n'ai évidemment aucune capture sous la main, seulement j'aimerais dresser le podium des sites les plus affligeants niveau commentaires, le genre de trucs que quand je les vois tomber dans mon lecteur de flux, je sens que je vais passer une bonne journée.

- Prix "Caverne à Trolls" : Le Post.fr.
- Prix "www.mylife" : Doctissimo.fr.
- Prix de groupe "Navrance collective" : les Skyblogs pour l'ensemble de leur oeuvre.

Bien sûr, vous pouvez aussi proposer les vôtres. 

Et comme y'a des trucs, ce serait vraiment dommage qu'ils tombent dans l'oubli, je propose à mes collègues du VeilleLab (et aux autres) de créer un endroit où on pourrait entasser tout ça. On pourrait même l'inaugurer au prochain pot, quand il viendra...

22 juin 2010

Une console portable pour lire le journal


Il fallait s'y attendre ; après tout, on joue bien sur les téléphones portables... Le boss de Nintendo, Satoru Iwata, a annoncé que la prochaine portable du constructeur (la 3DS, celle qui promet de la 3D sans lunettes) sera capable, via sa connexion sans fil, de "récupérer automatiquement des articles de journaux et de magazines" auxquels l'utilisateur se sera abonné. Et ce, même lorsque la console est en veille.

Pour l'instant, aucune information n'a filtré, que ce soit sur les journaux et magazines concernés (on peut imaginer un partenariat entre le constructeur et des groupes de presse) ou sur la façon dont l'information sera présentée (un espèce de dashboard ? un truc ressemblant à un lecteur RSS ?).

Pour info, la DS permet déjà la lecture d'ebooks (bon courage pour les yeux), notamment au travers d'un partenariat avec Gallimard et, au Japon, elle donne également des  informations pratiques (notamment pour les transports), en coopération avec les acteurs concernés.

"Arrête de jouer à la console ! Mais maman, je joue pas, je lis le journal..."
 
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