11 août 2009

Tremper la plume dans la plaie


Ou alors : Petits meurtres entre amis. Comme on pouvait s'en douter, le coup de gueule de Laurent Joffrin, directeur de Libération, contre celle qu'il a affectueusement surnommé "L'agence France-frousse" (pourtant ça fait AFF...) n'est pas passé inaperçu chez ses confrères. Et, comment dire, il en a quelque peu pris pour son grade.

Parce que non seulement les arguments avancés sont somme toute assez bancals (Laurent Joffrin explique par exemple que la première réaction de l'agence au sujet des propos de Nicolas Sarkozy à l'encontre de J. L. Zapatero en avril a été de passer l'information sous silence ; soit, mais quand on voit ce qu'a écrit Libération quelques jours plus tard, on peut s'interroger sur la pertinence de relayer une telle information), mais en plus les propres lecteurs du journal ne sont pas dupes : les 150 commentaires à l'article sont globalement peu amènes envers le directeur du journal.

http://www.liberation.fr/medias/0102584115-reaction-sur-l-agence-france-frousse

En gros : Libération n'est pas au-dessus de la mêlée, et si l'AFP s'auto-censure, ce n'est sûrement pas le seul... Et en même temps, quand on connaît l'utilisation abusive que font certains journaux des dépêches en question... Même Philippe Gavi, un des anciens piliers du journal, riposte farouchement, considérant que Laurent Joffrin "couvre de honte son journal..." Ouch !

Par contre, l'AFP a bien eu son droit de réponse, ici en l'occurrence. C'est quand même rigolo que Libé accuse l'AFP de ne pas reprendre ses "scoops" et soit par contre obligé de publier le droit de réponse de l'agence, qui, par la voix de son directeur  Philippe Massonnet, qualifie les propos tenus par le journal d'"insultants" et "injurieux"... En somme, voilà bien davantage un coup de pub pour l'AFP qu'autre chose.

A décharge, il faut néanmoins signaler l'enquête de Rue89 qui, donnant la parole à Mediapart, Le Canard Enchaîné ou Marianne, met en lumière la grogne de certains journaux (traditionnels et pure players donc) face à la "politique de reprise" de l'agence.

Cependant, on peut se demander pourquoi un coup de gueule si tardif : Sur les trois exemples cités par le directeur de Libération (et dans sa réponse à la réponse de l'AFP, celui-ci insiste bien sur le fait que son coup de gueule porte sur ces trois cas précis uniquement), deux datent... du mois d'avril. La crise actuelle et le besoin de légitimité des journaux poussent vraiment ces derniers dans leurs derniers retranchements en les forçant à canarder tout ce qui bouge... m'enfin ce n'est qu'une hypothèse.

Tiens, ça me rappelle d'ailleurs que la réforme des statuts de l'AFP, qui risquerait de transformer l'agence fondée en 1944 en entreprise étatique (faut lire et relire les conneries déclarations de Frederic Lefebvre sur l'AFP) est toujours d'actualité. D'un côté l'UMP accuse l'AFP de ne pas relayer ses communiqués, de l'autre certains journalistes accusent l'agence de rouler pour le pouvoir... faudrait vous accorder les gars.

D'ailleurs, même que les salariés de l'AFP se mobilisent et font tourner une pétition ici pour défendre l'indépendance de l'agence et ne pas tomber dans l'escarcelle du pouvoir. Ils ont pas l'air si méchants en fait...

Et pendant ce temps-là, Philippe Val va bien...
 
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