13 déc. 2009

Facebook : 0 / Berlusconi : 0



Samedi 5 décembre dernier s'est tenue, à Rome, une immense manifestation, réunissant 350 000 italiens (90 000 selon la police) descendus dans la rue pour demander la démission du premier ministre. Et ce, dans un contexte assez tendu pour le Cavaliere, avec la récente abrogation de la loi Alfano (sans parler du reste), qui lui garantissait jusque-là l'immunité.

Ce qui fait la particularité de cette manifestation, outre son ampleur, c'est son point de départ : Facebook, avec la création (puis ensuite sa déclinaison) d'un groupe Facebook, début octobre, appelant à manifester en violet (couleur apolitique, "seule laissée libre") le 5 décembre. Ses auteurs : cinq blogueurs italiens.

Avec, évidemment, tous les outils qui vont bien : hashtag twitter, fanpagesite web, Youtube, avec retransmission en direct et manifestation virtuelle sur Second Life.

Plusieurs membres de l'opposition (qui participaient à la marche à titre personnel et non politique), des associations et intellectuels (le prix Nobel de littérature Dario Fo, le magistrat Dominico Gallo, le cinéaste Nanni Moretti qui n'en est pas à son coup d'essai, etc.) étaient également présents.

Une vraie organisation, qui s'est donnée les moyens de ses revendications, et qui, visiblement, souhaitait marquer le coup (700 bus, 4 trains et un ferry de Sardaigne ont même été affrétés !). La Corée du Sud en avait déjà fait l'expérience l'année dernière au cours d'une manifestation monstre contre le président Lee Myung-bak.

Pour autant, si la manifestation a marqué en-dehors des frontières italiennes (les médias italiens ayant évidemment fait l'impasse sur le sujet...), il n'est pas sûr qu'une telle démonstration ait, au final, un quelconque impact politique, au-delà du seul effet symbolique ; si un tel évènement était de nature à faire douter Berlusconi et le pousser à démissionner, cela fait belle lurette que le Cavaliere aurait laissé le trône vacant.

D'autant que la démission du premier ministre n'est possible que dans deux cas particuliers : soit une rupture de la majorité parlementaire, soit un vote de défiance. Au vu de sa côté de popularité (plus de 50 % d'opinions favorables), le self-made man, propriétaire de trois chaînes privées et du réseau public, n'a pas trop de mouron à se faire.

En revanche, l'évènement est particulièrement révélateur de l'état de l'opposition, incapable de lever les foules comme ont pourtant réussi à le faire les blogueurs à l'initiative du No Berlusconi Day. En particulier parce qu'une partie non négligeable de celle-ci s'est toujours refusée à un anti-berlusconisme primaire (ils devraient prendre exemple chez nous...).

La question de la puissance de Facebook en tant qu'outil de mobilisation reste posée (pour quelques succès retentissants, combien de bides énormes ?).

En attendant, on peut toujours jouer les bookmakers sur ce groupe-ci.

4 nov. 2009

L'avenir du Troll en question



Jeudi dernier, un décret est venu préciser le statut d'éditeur de la presse en ligne.

Premier point : le statut d'éditeur de la presse en ligne exclut blogueurs et journalistes citoyens. Le décret stipule en effet que pour prétendre à ce statut, le site doit, entre autres, employer au moins un journaliste professionnel.

Second point, peut-être le plus important, en tout cas le plus litigieux, et abordé dans le passage suivant :

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021214264&dateTexte=&categorieLien=id

Déjà, qu'est-ce qu'un contenu illicite ? D'après le droit de la presse, il s'agit essentiellement de ce qui relève de la diffamation :

http://www.courdecassation.fr/publications_cour_26/bulletin_information_cour_cassation_27/bulletins_information_2006_28/no_649_2193/communications_2195/droit_presse_diffamation_injure_9508.html

 A ce sujet, les différentes condamnations auxquelles le forum de discussion Mixbeat a été sujet sont éclairantes (concernant Claire Chazal ou... Louise Bourgoin), sans parler de l'affaire de Libération.

Ensuite, quels dispositifs ? Mail d'avertissement ? A qui d'ailleurs ? L'éditeur ou l'hébergeur ? Parce que, selon le destinataire de l'alerte, la procédure n'est plus la même et ça commence à devenir tordu (décryptage ici). Quant au terme "promptement" utilisé dans le décret, que signifie-t-il ? 24/24 ? Seulement sur les horaires de travail ? L'interprétation possible est large.

Ouvrons maintenant une parenthèse : à l'occasion des discussions autour de la loi Hadopi, en juin 2009, un amendement concernant le statut de la presse en ligne avait été voté et codifié à l'article 27 de la loi. Tombant comme un cheveu sur la soupe, il avait déjà créé le débat sur les mêmes problématiques.

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020735432&dateTexte=&categorieLien=id

Rappelons également à toutes fins utiles (et surtout pour rester clair dans l'explication) que les éditeurs de presse en ligne suivent le régime des hébergeurs et fournisseurs d'accès à Internet, tel que décrit par la Loi pour la Confiance dans l'Economie Numérique (LCEM) :

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000801164&dateTexte=

Ce qui signifie qu'un éditeur de presse en ligne est seulement soumis à une modération a posteriori (retour sur l'affaire Claire Chazal) et pas a priori des commentaires de ses contributeurs. Déjà, le Troll se sent mieux.

Mais surtout, là où le Troll exulte, c'est que là où l'on parle de contenu illicite, il fallait lire, avant la consolidation de la loi, "contenu manifestement illicite". En supprimant l'adverbe, le Troll peut donc supposer que là où l'éditeur était seul juge (c'était à lui de décider si oui ou non le message était diffamatoire, l'adverbe incriminé faisant davantage appel au ressenti qu'autre chose), ce sera désormais au juge de statuer.

On lui souhaite bon courage (au juge)...

Sinon, la presse indépendante d'information en ligne vient de créer son syndicat.

29 oct. 2009

Le Roi est mort...Vive quoi ?



La nouvelle est tombée mardi : soitu.es (littéralement "Je suis toi"), le Rue89 espagnol, a fermé ses portes faute de moyens, le groupe bancaire BBVA, qui finançait le site, ayant décidé de couper les vivres. Trop frileux sans doute...

Après 22 mois d'activité, le pure player espagnol, récompensé deux fois par la Online News Association dans la catégorie "Meilleur site non anglophone de moins d'un million de visiteurs" (et ce il y a encore quelques jours à peine) succombe donc à la crise qui frappe durement le pays.

La Fédération des associations de journalistes espagnols expliquait d'ailleurs récemment que près de 3 000 postes de journalistes avaient été supprimés dans le pays en moins d'un an, sur un total de 30 000.

Le journal avait été fondé le 27 décembre 2007, jour de l'attentat qui avait coûté la vie à Benazir Bhutto, par quelques journalistes dissidents du quotidien de référence El Mundo, et menés par Gumersindo Lafuente.

Le journal, en situation difficile, avait déjà réduit ses effectifs (passant de 38 à 23 journalistes) et ne vivait plus que des recettes publicitaires. Les visages des journalistes espagnols rappellent, malheureusement, ceux des journalistes du Rocky Mountain News, journal américain fondé en 1859 (!) et qui avait mis la clé sous la porte en février.










Deux histoires, deux modèles économiques différents, et pourtant un même destin. La fermeture du premier pure player (re)met en lumière la situation difficile à laquelle sont confrontés ces nouveaux sites d'information, qui représentent pourtant, à bien des égards, l'avenir de la profession (Rue 89 en profite pour rassurer ses lecteurs).

Seulement, investir dans un tel média est une prise de risques. A plus forte raison en période de crise économique. Il n'empêche que, tôt ou tard, il faudra y passer, et qu'il ne sert à rien de reculer perpétuellement une échéance inévitable (ce que Rupert Murdoch, par exemple, ne semble pas avoir complètement intégré).

Ironie du sort, le journaliste Leonard Downie et l'universitaire Michael Schudson viennent de publier un essai pour la "Reconstruction du journalisme américain". Quand on lit ces lignes, on ne peut s'empêcher de penser que soitu était pourtant bien parti...

12 sept. 2009

"L'information est un combat", comme dirait l'autre...


Inutile de revenir sur la polémique autour des propos du Ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, rapportés par Le Monde cette semaine. Tronqués ou pas, la polémique fait déjà suffisamment rage sur le sujet (le Parti Socialiste, sautant sur l'occasion, en profite d'ailleurs pour demander la démission du Ministre).

Ce qui mérite quelques secondes d'attention néanmoins, c'est la stratégie de défense mise en oeuvre par le monsieur un peu dégarni qui pose à côté de lui pour la photo souvenir, rapportée toujours par Le Monde dans un article d'hier :
http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/09/11/brice-hortefeux-au-centre-d-une-violente-polemique_1239056_823448.html

On passera sur les deux premières phrases, typiques de la politique de l'autruche, celle qui consiste à ne rien voir, à classer systématiquement tous ces petits incidents qui minent la démocratie dans la catégorie du "non évènènement"...

En revanche, la dernière phrase semble tirée tout droit de la bouche d'un certain Frédéric L. :

"Ces histoires d'Internet posent un problème de fond : ce n'est plus du journalisme".

Alors : 

1 - "Ces histoires d'internet" : déjà, ça montre la compétence du Président de l'UMP à s'exprimer sur Internet. Il semble maîtriser son sujet. En plus, la formulation, méprisante, a un vague relent de fait divers, de ceux qu'on voit passer au JT de 20h.

2 - "Ce n'est plus du journalisme" : Qu'est-qui n'est plus du journalisme ? Ces histoires d'Internet ? Si rapporter les dérapages des hommes qui dirigent le pays, ce n'est pas le rôle du journalisme, ce chien de garde de la démocratie, alors il va falloir me dire à quoi les journalistes sont censés servir.

Plus concrètement, le chef de l'UMP n'a peut-être pas compris que la vidéo a été tournée par des journalistes professionnels de la chaîne Public Sénat et, de surcroît, a été reprise par des journalistes du Monde.  C'aurait été posté par le quidam moyen, l'argument aurait pu passer, mais là...

Alors quoi, sous prétexte que le support de diffusion de l'information, c'est Internet, ça veut dire que l'information n'est plus crédible ? Si les paroles avaient été couchées sur papier, là par contre, il n'y aurait rien eu à redire ?

Il faudrait arrêter de confondre le support de diffusion de l'information et l'information elle-même.

Internet (et les Auvergnats) ont bon dos. Dès que ça part en cacahuète, allez hop, c'est la faute d'Internet, cette "poubelle", où c'est bien pratique de dire qu'il s'y trouve tout et n'importe quoi. 

Bref, le combat  n'est pas gagné (d'autant que le vote Hadopi 2, hein, c'est pour bientôt)...

11 août 2009

Tremper la plume dans la plaie


Ou alors : Petits meurtres entre amis. Comme on pouvait s'en douter, le coup de gueule de Laurent Joffrin, directeur de Libération, contre celle qu'il a affectueusement surnommé "L'agence France-frousse" (pourtant ça fait AFF...) n'est pas passé inaperçu chez ses confrères. Et, comment dire, il en a quelque peu pris pour son grade.

Parce que non seulement les arguments avancés sont somme toute assez bancals (Laurent Joffrin explique par exemple que la première réaction de l'agence au sujet des propos de Nicolas Sarkozy à l'encontre de J. L. Zapatero en avril a été de passer l'information sous silence ; soit, mais quand on voit ce qu'a écrit Libération quelques jours plus tard, on peut s'interroger sur la pertinence de relayer une telle information), mais en plus les propres lecteurs du journal ne sont pas dupes : les 150 commentaires à l'article sont globalement peu amènes envers le directeur du journal.

http://www.liberation.fr/medias/0102584115-reaction-sur-l-agence-france-frousse

En gros : Libération n'est pas au-dessus de la mêlée, et si l'AFP s'auto-censure, ce n'est sûrement pas le seul... Et en même temps, quand on connaît l'utilisation abusive que font certains journaux des dépêches en question... Même Philippe Gavi, un des anciens piliers du journal, riposte farouchement, considérant que Laurent Joffrin "couvre de honte son journal..." Ouch !

Par contre, l'AFP a bien eu son droit de réponse, ici en l'occurrence. C'est quand même rigolo que Libé accuse l'AFP de ne pas reprendre ses "scoops" et soit par contre obligé de publier le droit de réponse de l'agence, qui, par la voix de son directeur  Philippe Massonnet, qualifie les propos tenus par le journal d'"insultants" et "injurieux"... En somme, voilà bien davantage un coup de pub pour l'AFP qu'autre chose.

A décharge, il faut néanmoins signaler l'enquête de Rue89 qui, donnant la parole à Mediapart, Le Canard Enchaîné ou Marianne, met en lumière la grogne de certains journaux (traditionnels et pure players donc) face à la "politique de reprise" de l'agence.

Cependant, on peut se demander pourquoi un coup de gueule si tardif : Sur les trois exemples cités par le directeur de Libération (et dans sa réponse à la réponse de l'AFP, celui-ci insiste bien sur le fait que son coup de gueule porte sur ces trois cas précis uniquement), deux datent... du mois d'avril. La crise actuelle et le besoin de légitimité des journaux poussent vraiment ces derniers dans leurs derniers retranchements en les forçant à canarder tout ce qui bouge... m'enfin ce n'est qu'une hypothèse.

Tiens, ça me rappelle d'ailleurs que la réforme des statuts de l'AFP, qui risquerait de transformer l'agence fondée en 1944 en entreprise étatique (faut lire et relire les conneries déclarations de Frederic Lefebvre sur l'AFP) est toujours d'actualité. D'un côté l'UMP accuse l'AFP de ne pas relayer ses communiqués, de l'autre certains journalistes accusent l'agence de rouler pour le pouvoir... faudrait vous accorder les gars.

D'ailleurs, même que les salariés de l'AFP se mobilisent et font tourner une pétition ici pour défendre l'indépendance de l'agence et ne pas tomber dans l'escarcelle du pouvoir. Ils ont pas l'air si méchants en fait...

Et pendant ce temps-là, Philippe Val va bien...

19 juin 2009

Cousin Germain



Cousine, en fait. La cousine de notre future LOPPSI 2, elle-même petite soeur de la loi Hadopi estropiée il y a peu. Bref, on a déjà vu famille plus heureuse.


Ce qui se passe, et qui ne rencontre pas beaucoup d'écho de par chez nous, c'est que l'Allemagne vient d'approuver la proposition de loi lancée par la ministre des Affaires Familiales, Ursula van der Leyen (soutenue par les sociaux-démocrates et les conservateurs du gouvernement Merkel) visant à bloquer l'accès aux sites pédo-pornographiques.

Malgré l'opposition des libéraux, des verts et de l'extrême-gauche, la loi est néanmoins passée cette nuit. La censure mission en reviendra à l'Office d'Investigation Criminel (BKA).

Les internautes recevront un message d'erreur au moment de la connexion au site, mais leur adresse IP ne sera pas communiquée. En revanche, ceux qui tenteront de contourner la protection seront poursuivis.

Dès avril, les cinq principaux opérateurs du marché des télécoms allemands (soit les 3/4 de l'activité) avaient déjà accepté le principe de la loi. Dès lors, les dés étaient jetés...

L'Australie a dernièrement adopté une loi similaire, avec les dérapages que l'on connaît... Et c'est exactement le même principe qui soutient la future LOPPSI chez nous : dresser une liste de sites considérés comme dangereux et les blacklister.

C'est bien là que réside le problème : la liste restant à la discrétion des autorités compétentes, rien ne les empêche de "diversifier"' les thématiques jugées contraires à l'équilibre moral des internautes, comme celle qui les feraient douter de l'éthique irréprochable ou de l'action sans faille du gouvernement...

Plusieurs manifestation ont déjà eu lieu en Allemagne, l'information circule sur Twitter (hashtag #zensursula) et, surtout, l'affaire est à l'origine du plus grand succès de pétition en ligne, "Non à l'indexation et au blocage de sites Internet", qui a recueillie plus de 130 000 signatures.

Les Allemands, en bons hackers, ont d'ailleurs prouvé qu'il existait d'autres moyens pour lutter contre la pédo-pornographie en ligne : ils ont ainsi réussi, en l'espace de 12 heures, à contraindre à la fermeture 60 sites en inondant de mails de protestation leurs serveurs étrangers.

Mais il semble que la démonstration n'ai pas été assez efficace pour le gouvernement allemand...

17 juin 2009

Une représentation de la blogosphère arabe

Point trop le temps de bloguer en ce moment, mais une initiative (voire deux) qui mérite d'être soulignée et surtout largement diffusée et même copiée : la cartographie de la blogosphère arabe (soit près de 35 000 blogs tout de même), organisée par pays, et réalisée par le "Projet Internet et Démocratie" (un projet de recherche mené conjointement par le Berkman Center for Internet et la Society at Harvard University).

Quelques conclusions tirées de l'étude et présentées par les chercheurs : les blogueurs sont majoritairement des hommes jeunes, qui utilisent, dans l'écosytème du web 2.0, avant tout YouTube et Wikipedia ; Al-Jazeera constitue la principale source d'information, devant la BBC et Al-Arabiya.

Leur blogs ? Souvent des récits de vie, qui lorsqu'ils abordent la sphère politique restent avant tout "locaux" et pas panarabiques, qui se concentrent avant tout sur les problèmes et les enjeux locaux.

Les deux sujets internationaux les plus discutés et commentés sont la religion et la question Palestienne (ce qui n'est guère étonnant).

Etude et cartographie sont à télécharger ici.

Cette cartographie suit de quelques jours celle, toujours réalisée par le Projet Internet et Démocratie, représentant la blogosphère des élections iranniennes, sur le même modèle.

5 juin 2009

Green Power...


Après le style Obama, voilà le style Moussavi...

Aucun rapport avec un quelconque candidat vert aux Européennes : Le vert, c'est aussi la couleur de l'islam et, à l'occasion, la couleur affichée par les partisants Facebook du candidat réformateur aux prochaines élections iraniennes, et ancien premier ministre durant la guerre Iran-Irak, Mir Hossein Moussavi.

Profil qui, près d'atteindre les 5 000 amis, avait été bloqué il y a quelques temps par les autorités iraniennes avant d'être accessible à nouveau... Ce qui n'a pu que faire grandir la popularité de l'outsider surprise d'Ahmadinejad.

27 mai 2009

Ces pays où il fait bon bloguer...


A lire ou relire (et en plus c'est rapide) : L'étude du Committee to Protect Journalist (CPJ) qui dresse le classement des 10 pays les plus sévères vis-à-vis des blogueurs.

Avec comme grand vainqueur la Birmanie, dont la junte au pouvoir ne lésine pas sur les excès de zèle : 59 ans de prison pour un blogueur qui avait filmé le passage du cyclone Nargis l'année dernière, ça fait quand même beaucoup.

Suivent ensuite l'Iran, la Syrie, Cuba, l'Arabie Saoudite, le Viêt-Nam, la Tunisie, la Chine (lire à ce sujet le très intéressant livre de Pierre Haski, "Internet et la Chine"), le Turkménistan et l'Egypte.

Plusieurs critères ont été retenus pour mesurer le degré de tolérance des pays étudiés vis-à-vis des blogueurs : Obligation pour ces derniers de déclarer leur véritable identité, filtrage des pages web, harcèlement judiciaire, peines d'emprisonnement, etc.

L'association annonce même que le nombre total de blogueurs emprisonnés dépassait celui des journalistes traditionnels. Ce qui reflète bien la montée en puissance du web comme source d'information, et surtout comme outil de promotion de la démocratie (quand il est utilisé à bon escient)...

Photo Reuters

14 mai 2009

C4N rétribue les journalistes-citoyens



Au départ simple blog collaboratif sur les nouvelles technologies (avec tout de même 150 000 visiteurs uniques par mois en 2007), Come4News est devenu en deux ans un des principaux sites de journalisme-citoyen, aux côtés d'Agoravox et Le Post

Résultats : Près d'un million de pages vues avec quelques 2 550 reporters-citoyens (pour 26 711 articles précisément), tant professionnels qu'amateurs. Le site est même désormais crawlé par Google News. Les fonctions classiques (fil RSS, newsletter, profil...) sont au rendez-vous.

L'interface et le graphisme du site, eux, auraient par contre besoin d'un bon coup de peinture fraîche...

Mais là où se distingue vraiment Come4News de ses illustres confrères, c'est dans sa politique de fidélisation et de qualité éditoriale : Pour chaque article pondu, le contributeur reçoit en effet 1 Euro symbolique. Chaque mois, le meilleur journaliste citoyen est récompensé par un pactole de 50 Euros. 

Des Euros générés par la publicité, auxquels les quatre fondateurs assurent ne pas toucher. Une modération des articles a priori a également été mise en place.


Malheureusement, la preuve la plus tangible du succès grandissant de Come4News reste... son interdiction totale en Tunisie, où il était devenu un des sites les plus fréquentés. Si le coeur vous en dit, vous pouvez même rejoindre le groupe Facebook constitué en réaction à cette censure.

Faut dire aussi, juste en passant, que la Tunisie a rétablie la censure en 1952 et est considéré par Reporters Sans Frontières comme "un des pires ennemis de la presse". Inutile de dire que l'association est blacklistée depuis bieeeeeeen longtemps au pays de Ben Ali.

5 mai 2009

Baltimore et Boston en berne


Pas une semaine ne se passe sans son lot de nouvelles dramatiques concernant les journaux américains.

En ce début mai, c'est au tour du Baltimore Sun (fondé en 1837) et du Boston Globe (fondé en 1872) d'ouvrir le bal.

Le premier, qui appartient au groupe Tribune Co. (en dépôt de bilan !) a récemment annoncé le licenciement d'un tiers de ses journalistes, soit 61 sur 205.

Le second, propriété du groupe New York Times, vient de voir échouer les négociations avec ce dernier. Les enjeux : Une baisse des salaires pour éviter la fermeture pure et simple du journal, qui a vu ses ventes baisser de 15%.

Résultat des courses : Le journal s'est vu accordé un délai d'une semaine pour accéder aux demandes de la Direction. Voir à ce sujet l'article "Un accord ou rien".

1 mai 2009

Les premiers résultats de diffusion de la presse gratuite


C'est la première fois qu'une telle étude est réalisée : l'Association pour le Contrôle de la Diffusion des Médias (OJD) vient de publier les résultats de son enquête sur la diffusion des gratuits français, qui connaissent d'ailleurs eux aussi la crise (j'en parlais hier ici).

Les résultats portent sur le premier trimestre 2009. Arrivent en tête Metro, 20 minutes et Direct Matin Plus. Le mode de diffusion le plus efficace reste le colportage (de main à main donc), devant les "racks" (les présentoirs).

Les résultats de l'étude sont accessibles ici.

30 avr. 2009

C'est la crise chez les gratuits...


... Et plus particulièrement parmi ceux du peloton de tête, Metro et 20 Minutes.

Chez le premier, on va tenter d'éviter le dépôt de bilan suite à l'échec des négociations visant à trouver un repreneur. Le journal va devoir rapidement trouver 50 millions d'euros pour endiguer la chute de ses revenus sur le premier trimestre 2009 (-24% par rapport à 2008).

Les journaux gratuits n'ont jamais vraiment réussi à trouver un modèle économique stable, mais là, avec le récent abandon de la version espagnole et un cours de bourse ridiculement bas (le "timbre poste", comme on l'appelle, vaut... 7 centimes d'euros !), la situation devient critique (Metro est côté en Bourse depuis 2000).

Chez son concurrent, la situation n'est guère meilleure, à cause notamment d'un climat social tendu ; la rédaction critique de plus en plus le choix éditorial de la direction, jugé trop orienté en direction des annonceurs. D'après certains journalistes, c'est ainsi jusqu'à 50% du quotidien qui serait dédié à la publicité.

Une page publiée par le Crédit Mutuel, le rejet d'un CDD au motif que le candidat aurait écrit des billets anti-pub, une menace voilée de suppression de postes par mail... Résultat : Vote d'une mention censure à l'encontre de la direction.

Tout ça alors même que les journaux gratuits continuent de piquer des lecteurs aux journaux payants... ou contradiction d'un modèle économique qui peine à trouver sa stabilité !

27 avr. 2009

Mesures drastiques au Jardin des Plantes...


... et c'est le moins qu'on puisse dire.

A lire ce témoignage ahurissant et qui semble sorti d'une autre époque, celui de Claude-Marie Vardot, journaliste à Politis, sur Bakchich, à l'occasion d'un cours en plein air au Jardin des Plantes...

22 avr. 2009

Benchmark des stratégies de la presse en ligne


Une étude intéressante des différentes stratégies adoptées par les journaux (américains principalement) en ligne, réalisée par un designer interactif, Benoît Drouillat.

Au programme : les techniques de fidélisation des lecteurs, de personnalisation des informations, les différentes articulations possibles entre formats papier et web, les différents modèles d'ergonomie, les moyens de faire participer les internautes, la complémentarité des blogs de journalistes, etc.

Bref, une vue d'ensemble des différentes solutions mises en oeuvre par les journaux pour répondre à leurs nouvelles problématiques.

View more presentations from bdrouillat.

21 avr. 2009

La petite formation qui monte


Créée il y a un peu plus de deux ans, la Cuny (City University of New York) Graduate School of Journalism vient directement concurrencer les anciennes et vénérables écoles de journalisme que sont la Columbia University Graduate School of Journalism et la Arthur L. Carter Journalism Institute.

Son créneau ? Ne pas s'arc-bouter sur des positions archaïques et prendre la révolution numérique à bras le corps en formant des "journalistes-web",  une expression décidément de plus en plus à la mode. Chez nous, dans le même style, on a désormais l'université Paul Verlaine de Metz.


Installée dans les anciens locaux du Herald Tribune, l'école joue la carte de la modernité. Il suffit de jeter un oeil sur le site pour s'en rendre compte immédiatement : Très 2.0, il propose les désormais incontournables liens vers un profil Facebook, un compte Twitter, une page FlickR, etc.

En même temps quoi de plus normal lorque l'on sait que l'un des professeurs recrutés pas l'école n'est autre que Jeff Jarvis ? La formation propose l'équivalent d'un Master en Journalisme... public, soit largement plus accessible que ses rivales.

L'école a également annoncé un partenariat avec le Celsa et s'est associé avec le New York Times à l'occasion du lancement de leur site d'information de proximité, "The Local" (dont j'avais parlé ici).

20 avr. 2009

Ca bouge Outre-Atlantique


Le New York Times a annoncé la semaine dernière la supression de plusieurs rubriques hebdomadaires pour réduire les coûts de fonctionnement du journal. Exit donc les pages Voyages, Mode, et quelques pages locales. Et exit donc également les journalistes qui vont avec.

De plus, le journal réduira les salaires de ses salariés de 5% pour les neuf prochains mois en échanges de 10 jours de congés supplémentaires. D'autres actifs du groupe Times Co, auquel appartient le NYT, verront également une baisse de 2,5% du salaire de leurs employés.

Déjà, depuis le début de l'année, ce sont 100 salariés non journalistes qui ont été prié de quitter le journal, soit 5% des effectifs.
 
 

Du côté du non moins illustre Washington Post, après un plan de départ volontaire (qui a vu 231 salariés quitter le navire), le temps est à la réorganistion : Le journal prévoit la fusion des rédactions web et papier au sein d'un "Universal News Desk".

Une stratégie également mise en oeuvre de notre côté de l'Atlantique puisque ce sont les Echos qui ont récemment décidé de fusionner rédaction papier et rédaction web en juin prochain par l'intermédiaire de Nicolas Beytout, PDG du pôle média du groupe LVMH.

17 avr. 2009

La materiel du petit journaliste moderne


Voici la "valise studio", le kit multimédia dont l'agence de presse Reuters va équiper tous ses journalistes cette année (bien qu'elle dispose déjà d'une branche "Reuters TV").

Avec comme objectif : De la vidéo, de la vidéo, et encore de la vidéo. En tant que journalistes à tout faire (on parle de "journalistes multimedia"),  les 2 700 journalistes de l'agence seront désormais formés à la prise d'images.

Très pratique pour le web et, surtout, en accord parfait avec la disposition (qui ne saurait tarder...) évoquée ici dans la loi Hadopi.

Photo : journ@lisme.info

Le modele iTune comme reponse a la crise ?


Journalism Online : Le iTunes de l'information ? C'est un peu l'idée de trois poids lourds des média américains, Steven Brill (fondateur de "truTV", une chaîne spécialisée dans les affaires judiciaires), Gordon Crovit (ancien éditeur du Wall Street Journal) et Leo Hindery (créateur de "Yes Network", la chaîne des Yankees concernant le baseball et le basketball).

Leur constat : Face à l'effondrement de la presse et à la nécessaire adaptation des média traditionnels à l'explosion du Web, ces trois messieurs proposent un modèle économique nouveau à ceux qui vivent de l'information : une plate-forme de monétisation pour promouvoir et rémunérer les organismes de presse pour leurs contenus web. Des accords avec les moteurs de recherche (Google étant régulièrement accusé de court-circuiter les journaux) sont également à l'ordre du jour.


Pour faire simple : un site accessible sur mot de passe, auquel s'abonnent les lecteurs, et qui leur permet de créer leur propre page d'actus en piochant à droite et à gauche dans les journaux qui les intéressent. Lesquels journaux auront bien entendu au préalable intégré l'application qui va bien, et déterminé ce qui est payant, et à quel prix. Tout ça d'ici cet automne.

Reste à voir comment la chose s'articule concrètement. Et, surtout, reste à voir si les internautes seront prêts à payer pour du contenu auquel ils ont gratuitement accès depuis le début (sauf concernant le Wall Street Journal justement, seul grand journal américain à posséder un site payant).

Avoir à disposition gratuitement quelque chose de payant autrefois pas de problème, par contre payer pour quelque chose auquel on avait avant librement accès, on a peu l'impression de retourner en arrière (un peu comme Deezer en fait)...

Si ce n'est pas très clair, le communique officiel est ici. Et si vous voulez tout savoir de ce plan machiavélique, ("pour sauver le journalisme", rien que ça !) Steve Brill s'explique en détails ici.

7 avr. 2009

La strategie en ligne du Christian Science Monitor


Le Christian Science Monitor, qui a récemment abandonné le format papier pour le tout numérique, a publié sur YouTube une vidéo expliquant le pourquoi du comment de la nouvelle stratégie adoptée par le journal.



Ca fait un peu trop promotionnel pour être complètement honnête, surtout quand on sait pourquoi ils ont dû abandonner le support papier. Mais bon, la vidéo est plutôt bien faite et l'initiative louable.

En tout cas, cette nouvelle formule semble enchanter les futurs lecteurs du journal quand on lit les (rares) commentaires !

Les salaires des patrons de presse US


Comme il est très tendance de taper sur les patrons en ce moment, voici (gniark) un petit lien qui dévoile les salaires 2008 de certains patrons de médias américains. Ou comment avoir l'impression qu'un journal n'est en fait qu'une entreprise comme les autres !

5 avr. 2009

Journalistes tout en un


Le projet de loi "Création et Internet", ce n'est (malheureusement) pas qu'Hadopi. C'est aussi, planqué au milieu, une régression des droits d'auteur pour les journalistes en faveur des éditeurs et des patrons de presse. Qui est malheureusement passé inaperçu (sauf pour la profession) à cause de la focalisation des médias sur Hadopi.

Conséquence : A partir du 3 avril, les journalistes sont maintenant des journalistes multi-supports, comprendre par là que l'éditeur pourra désormais utiliser la contribution de ceux-ci à la fois pour le papier et pour le numérique. Et ce, sans leur demander leur autorisation (le thème des journalistes à tout faire ayant déjà été évoqué ici). Passé une période donnée, le journaliste recevra une rémunération complémentaire.

La loi provoque logiquement une levée de boucliers chez les principaux intéressés, qui y voient là une réponse du Gouvernement aux revendications des patrons de presse et des éditeurs (voir ici ou par exemple) et qui ne fait qu'accentuer la précarisation du métier (et ne vas faciliter les embauches dans les journaux...). Il  faut dire que le numérique est un véritable champ de bataille pour les deux camps.

Les droits d'auteur multi-supports avaient été évoqué au cours des derniers Etats Généraux de la Presse, que la profession avait déjà fustigée parce que donnant la part belle aux patrons de presse, ses propositions n'étant "en rien le fruit d'un diagnostic partagé".

4 avr. 2009

Pour vous dire la Vérité...


Après la récente table-ronde organisée jeudi par le Collectif de journalistes "Ca presse" (et dont vous pouvez trouver un résumé sur le site de l'association), voici une autre initiative en faveur de la déontologie de la presse, plus ambitieuse et sur le long terme : La dernière campage de la Fédération Internationale des Journalistes, "The Ethical Journalism Initiative".

La campagne, lancée l'année dernière suite au dernier congrès en date de la FIJ à Moscou (2007) veut inculquer aux nouveaux médias (et donner des cours de rattrapage aux autres) les valeurs fondamentales du journalisme : Recherche de la vérité, indépendance, intégrité...

Sur le site dédié, l'organisation constate notamment que le journalisme doit se restructurer pour affronter les nouveaux défis auxquels il doit faire face, dont l'essor des nouvelles technologies n'est pas le moindre, et qui menacent l'éthique et le savoir-faire du métier :

"Traditional private and public sector models of media are under reconstruction as markets adapt to historic changes taking place in the way people communicate with one another. Unfortunately, quality journalism has been a casualty as media managers and owners have cut editorial budgets, reduced investment in journalism and created a precarious work environment for hundreds of thousands of media staff."

Outre une rubrique d'actualité axée sur la liberté d'expression et les droits humains, on y trouve également un agenda des différents évènements et initiatives autour de la profession, un recueil de textes (textes législatifs, opinions, etc.) sur la déontologie de la presse, un suivi de la campagne et même un gros bouquin interactif ("To tell you the Truth") mettant en lumière les impératifs d'éthique du métier. 

Et comme le site est plutôt bien fait, je ne peux que vous encourager à aller y jeter un oeil.


Pour information, la Fédération Internationale des Journalistes, créée en 1926, regroupe aujourd'hui syndicats et organisations de journalistes à travers le monde entier (pour la France, il s'agit du Syndicat National des Journalistes, L'Union Syndicale des Journalistes CFDT et le Syndicat National des Journalistes CGT).

Elle regroupe au total quelques 600 journalistes et s'est fixé comme objectif de défendre la liberté de la presse et, plus globalelement, les droits de l'Homme et la Démocratie.

31 mars 2009

Le petit guide du journaliste citoyen

L'American University School of Communication vient de publier sur le portail Knight Citizen News Network un guide pratique de l'interview à l'usage des "citizen journalists".

Au programme, présenté sous forme de modules : Pourquoi l'interview en ligne, des exemples types, les outils pour mener une bonne interview, et une charte de déontologie.

Journalistes et banquiers dans le meme panier ?


La presse est à longueur de temps présentée comme un secteur en crise parce qu'en pleine mutation à cause du Web. Evidemment, la crise n'a rien arrangé (voir ici et ).

Pourtant, certaines directions de journaux semblent avoir un comportement plus proche de celui des banquiers en ce moment tant exécrés que des parangons de vertu. 

Dans son dernier communiqué, le Syndicat National des Journalistes (SNJ) dénonce les primes que 8 rédacteurs en chef du quotidien économique La Tribune se sont vus octroyés en fin d'année dernière (alors même qu'en 2008 le journal subissait une perte 13,5 millions d'euros).

Des primes équivalentes à deux mois de salaires pour les intéressés... dont le salaire mensuel tourne déjà, d'après le syndicat, entre 7 000 et 12 000 euros bruts... 

Deux poids deux mesures : Tout en bas de l'échelle, en attendant, les salaires sont gelés et les pigistes en cours de licenciement. L'affaire fait moins de bruit que celle concernant les banquiers, les sommes n'ayant absolument rien à voir. 

Mais, dans le fond, c'est quand même un peu la même chose, et le fait que ce soit la presse a quelque chose de dérangeant (en même temps, c'est La Tribune, pas Le Canard Enchaîné ou Marianne....)

Voici le communiqué en question (Alain Weill est le créateur et actuel président du groupe NextRadioTV, déjà évoqué ici) :
Bonus :  La Tribune aussi ! 
 
Société Générale, Natixis... La Tribune aussi n'oublie pas de verser des bonus à quelques privilégiés quand les autres doivent se serrer la ceinture. Hier, lors du comité d'entreprise, les élus ont appris qu'une poignée de rédacteurs en chef avaient bénéficié, au titre de 2008, du versement d'un bonus salarial. La direction du journal, visiblement gênée, a expliqué que ces primes étaient contractuelles et qu'il était donc impossible de revenir sur leur versement. Rappelons que ces primes représentent l'équivalent de deux mois de salaire pour chacun des bénéficiaires dont les rémunérations mensuelles oscillent entre 7.000 euros et 12.000 euros bruts. ... Le calcul est facile à faire.

A l'instar de Nicolas Sarkozy, du gouvernement et de toute la société qui jugent inadmissibles que quelques grands patrons se gavent en pleine crise financière, le SNJ, au niveau de La Tribune, est écoeuré par ces pratiques. Rappelons que notre journal a accusé 13,5 millions de pertes en 2008. Par ailleurs, rigueur oblige, la masse salariale devant être maintenue, le versement de ces bonus a pour conséquence un blocage quasi-total des salaires pour les autres salariés, voire même déclenche des licenciements de journalistes pigistes permanents.

Enfin, il est faux de prétendre que ces primes contractuelles ne pouvaient pas être remises en cause. Si notre employeur le souhaitait, il avait les moyens de les bloquer :  avec un peu de curiosité, il aurait constaté qu'il existe une jurisprudence sur la remise en cause de primes quand une entreprises traverse des difficultés économiques. 

En attendant, c'est tout le reste de la rédaction qui va être pénalisée par ces méthodes qui poussent à la démotivation de salariés qui travaillent pourtant aussi au redressement du journal. 

Le SNJ n'en restera pas là et ne manquera pas d'alerter Alain Weill sur ces scandaleuses pratiques, alors que La Tribune vit à l'heure de la rigueur budgétaire. Il ne peut y avoir deux catégories de salariés :  ceux qui se gavent et ceux qui trinquent. Sauf à vouloir faire sombrer notre journal. »

30 mars 2009

Journalisme et deontologie


Les journalistes ont-ils encore une déontologie ? C'est la question qui sera posée jeudi 2 avril par le Collectif de journalistes "Ca presse", à l'occasion de son débat mensuel à l'Ecole des Métiers de l'Information (EMI-CFD) à partir de 19h30.

Interviendront Aidan White (Secrétaire Général de la Fédération Internationale des Journalistes), Loïc Hervouët (ancien Directeur de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille -la plus ancienne de France reconnue par la profession) et Philippe Merlant, journaliste à La Vie.

Plus d'informations ici.

Online Only


Pour éviter de mettre la clé sous la porte, comme le défunt Rocky Mountain News, les journaux américains s'adaptent. Et abandonnent même définitivement pour certains le support papier pour le support virtuel uniquemement. Enfin presque...

D'abord, c'est le quotidien Seattle Post-Intelligence (114 000 exemplaires, héritier de la Seattle Gazette fondée en 1863 à Washington) qui, frappé par la crise (et en déficit depuis 2000), cesse totalement son activité papier pour se consacrer exclusivement à son petit frère en ligne.

Il y a aussi le Christian Science Monitor (journal d'informations internationales... contrairement à ce que son titre peut laisser croire, fondé en 1908 et qui a plusieurs fois remporté le prix Pulitzer) qui, courant avril, abandonne (presque) le format papier : Si le site web constituera le principal point d'accès à l'information, une version hebdomadaire distribuée sur abonnement (donc payante) et une newsletter (payante) seront là pour assurer quelques rentrées d'argent. En même temps, le journal est adossé à la puissante fondation  (= manne financière) du mouvement religieux "Science Chrétienne", donc bon...

Enfin, last but not least, le très connu International Herald Tribune (fondé en 1887 et édité... à Paris !), racheté en 2003 par le New York Times, va faire site commun avec ce dernier : Ca donne le "Global Edition of The New York Times" et va constituer pour le IHT une importante source de traffic et un gain notable de visibilité.

Reste à savoir ce qu'en pensent les kiosques à journaux...

25 mars 2009

Devenir journaliste-web

L'université Paul Verlaine de Metz (Moselle), la première en France, se lance dans la mise en place d'une licence professionnelle "Journalisme et Médias Numériques". 

Accessible aux étudiants à partir de BAC +2 ou pour les professionnels en reconversion, la formation (première fournée en septembre), d'une durée d'un an, est accessible sur dossier et concours, jusqu'au 30 avril.

Objectif : Former des journalistes plurimedia capables de mettre en place et d'animer un site d'information en ligne, leur inculquer la culture de l'internet. Bref créer des journalites polyvalents, sachant tout aussi bien écrire un article en ligne, que tourner une vidéo, le tout dans les règles de la profession et des codes sociaux inhérents au Web.


Le programme est ambitieux pour une année seulement : 


Reste à connaître la viabilité d'une telle formation : Répond-elle à un véritable besoin identifié pour la profession ou s'agit-il d'un simple effet de mode ? En un an, il semble difficile d'assimiler à la fois les ficelles du métier de journaliste et les fonctionnements du Web 2.0.

Et si le métier de journaliste change, les formations déjà existantes changent elles aussi, et il y a fort à parier que si ce n'est déjà fait, ces dernières intégreront ces enseignements dans les années à venir !

24 mars 2009

Le Time se met à l'heure

 
Le principal hebdomadaire américain Time (à ne pas confondre avec le vénérable Times britannique) propose depuis jeudi dernier sa nouvelle formule à la carte, bien justement nommée "mine".

Principe tout bête : Les lecteurs sont invités à construire leur propre journal sur mesure (papier ou en ligne) à partir de huit sources différentes (il ne faut pas non plus rêver hein) : InStyle, Golf, Money, Real Simple, Sports Illustrated, Travel + Leisure, Food & Wine ou encore... Le Time. Une fois le choix fait par contre, impossible de revenir en arrière.
 
Rendu final : Un magazine gratuit de 32 pages (dont 4 pages de publicité pour le nouveau 4x4 Toyota) distribué  une semaine sur deux à son heureux créateur (soit 5 numéros en tout). Le format papier est réservé aux 31 000 premiers inscrits, le format web aux 200 000 premiers.

Un nouveau format qui répond à deux enjeux majeurs pour le conglomérat Time Warner (AOL, CNN...) : Le premier étant la chute de ses revenus publicitaires en 2008 (d'où l'intérêt de ce partenariat d'un nouveau genre avec Toyota), le second les nouvelles habitudes de consommation de l'information des lecteurs en ligne, marquées notamment par l'accès à des milliers de journaux et de magazines en ligne.

Reste que je suis plus que sceptique quand à la pérennité d'un tel modèle : c'est du sur-du-mesure, certes, mais dans le même style Google News (pour ne citer que lui) est mille fois plus riche de sources d'informations. 

Et puis les questions posées pendant l'inscription, censées créer un véritable magazine sur mesure (car n'oublions pas que l'internaute choisit son magazine, pas les articles !) laissent perplexes : En quoi savoir si je chante en conduisant ou si je préfère manger avec Socrate plutôt qu'avec Léonard de Vinci va-t-il influencer sur le magazine ?

Enfin bon, l'initiative reste intéressant, alors pour s'inscrire (s'il reste des places), c'est par ici.

21 mars 2009

Le journalisme par le bas ?

Ce n'est pas très original de parler de Twitter en ce moment (puisque les médias semblent tous découvrir cet outil en même temps, tout du moins en France), certains le font et le feront d'ailleurs beaucoup mieux que moi, mais je ne peux m'empêcher de rester dubitatif devant la "twitterview" de John McCain par un journaliste de  ABC.

Ok, ce qu'on appelle la "twitterview" (terme complètement intraduisible soit dit en passant) permet une interaction  avec le public, qui peut suggérer au journaliste de poser telle ou telle question à l'interviewé. Là-dessus, pourquoi pas. Encore que rien n'oblige pour autant le journaliste à suivre les directives de ses lecteurs s'il veut rester dans le politiquement correct...

Non, ce qui me dérange un peu, ce sont deux choses : évidemment l'aspect synthétique des réponses imposées par le format (140 signes) alors que l'on ne cesse de répéter (et les journalistes les premiers) que ce qui doit distinguer un journaliste professionnel d'un blogueur par exemple, c'est sa compétence, son savoir-faire professionnel. Or une interview twitter, même moi je peux la faire. Surtout si ce sont les autres qui posent les questions !

Et puis deuxième chose : une interview, ce sont deux individus face à face. Dans une interview, la gestuelle, les mimiques, bref l'expression corporelle, est presque aussi importante que les paroles. Ca s'appelle le langage du corps. Et parfois ce langage-là, il contredit ce que le langage parlé est en train de raconter. Les exemples là-dessus sont nombreux, pas besoin de faire un cours d'histoire...

Ce n'est que mon avis, mais finalement je trouve qu'avec de telles initiatives, les journalistes ont plus tendance à tirer leur métier vers le bas qu'autre chose...

19 mars 2009

Non-scoop : 2009 sera difficile pour les journalistes


Ca fait mal : Le très connu et respecté Pew Project for Excellence in Journalism vient de sortir, comme à son habitude depuis maintenant 5 ans, son rapport annuel sur l'état des médias américains.

Le bilan est sans appel : le rapport 2009 est "Le plus sombre de tous", cette année sera la pire pour les médias américains (et de là à élargir la conclusion hors des frontières du Nouveau Monde, il n'y a qu'un pas...).

Le think-tank constate une baisse de 20% du nombre des effectifs depuis 2001. Une tendance que viennent confirmer la fermeture récente de plusieurs journaux, pour la plupart locaux, comme le Rocky Mountain News.

La presse américaine est comparée à un corps malade (et un corps malade très malchanceux) : déjà atteinte par l'explosion de l'information numérique qui entraîne une chute vertigineuse des ventes de journaux (entre autres), elle doit maintenant affronter une des pires crises économiques connues.

Bilan du docteur Marc Andreesen (géniteur de Netscape), qui avait dit en 2005 : "Si vous détenez un vieux média, vendez-le". Hors, l'un des reproches formulés par le PPEJ, c'est justement celui-là : les journaux n'ont pas su prendre le train en marche, et on laissé passer maintes occasions d'investir le champ de l'information numérique lorsqu'il y restait encore de la place.

Un bilan à mettre en parralèle avec un billet de Hitwise Intelligence publié cette semaine, qui illustre parfaitement cette tendance lourde : Twitter serait, aux Etats-Unis, le premier site d'informations, devançant même Google News UK ! Seul le Daily Mail faisant encore de la résistance...

A ce sujet, Mashable rapportait d'ailleur hier les chiffres de la croissance de l'outil de micro-blogging au US : + 1 382 %... Les journaux ont du pain sur la planche...

Enfin des graphiques comme ça, on est encore loin d'en voir en France hein, parce qu'avec environ 30 000 utilisateurs et des médias qui semblent juste découvrir le phénomène, les anglo-saxons gardent (encore un fois ?) une longueur d'avance...

15 mars 2009

C'etait la Journee Mondiale contre la Cybercensure...


... jeudi dernier. La manifestation était organisée par Reporters Sans Frontières et Amnesty International (et notamment soutenue par le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains qui se tient en ce moment à Genèves), qui ont à cette occasion lancé un appel aux géant Google, Yahoo et Microsoft, en leur enjoignant de ne pas censurer leurs moteurs de recherche et plate-formes de blogs à cette occasion.

"C’est la raison pour laquelle nous vous demandons, le 12 mars prochain, de vous rappeler la vision d’un Internet libre et accessible à tous et de permettre un véritable réseau universel. Cette action symbolique constituerait un message d’espoir et un signal fort aux Internautes montrant que vous n’êtes pas dupes du réseau actuel."

Une courte vidéo mettant en scène une ménagère lambda emmenée par une "Brigade Internet" parce qu'elle surfait visiblement sur un site non autorisé, mise en ligne par Reporters Sans Frontières :



Deuxième initiative à l'occasion de cette même journée, RSF a publié son rapport sur "Les Ennemis de l'Internet" dans lequel l'association dresse un état des lieux des libertés dans le cyberespace dans quelques 47 pays.

Après une rapide introduction, l'organisme dresse des fiches d'identité des pays investigués : nombre d'internautes, prix moyen d'une cyberconnexion dans un cybercafé, nombre de FAI, nombre de blogeurs emprisonnés, etc. Bref, RSF prend la température ambiante, en y ajoutant une analyse pertinente des différentes politiques menées en matière de "cyber liberté".


Outre 12 pays classés comme "ennemis d'Internet" et qui n'étonneront personne (Arabie Saoudite, Birmanie, Chine, Corée du Nord, Cuba, Egypte, Iran, Ouzbékistan, Syrie, Tunisie, Turkménistan et Viêt-Nam) on remarque également que deux démocraties, l'Australie (notamment en raison du zèle de son organisme de contrôle, l'ACMA) et la Corée du Sud, figurent dans la liste des pays placés "sous surveillance" par RSF.


"“Non seulement le Réseau est de plus en plus contrôlé, mais de nouvelles formes de censure apparaissent aussi, reposant sur la manipulation de l’information. Commentaires téléguidés déposés sur des sites Internet très consultés et piratages informatiques orchestrés par des gouvernements censeurs brouillent l’information sur Internet”, a ajouté l’organisation."

La Chine reçoit encore une fois et sans grande surprise la Palme d'Or du plus grand nombre de cyberdissidents emprisonnés... 
Pour terminer, un complément intéressant sur Bug Brother, où l'auteur y présente une carte réalisée par l'ONG Privacy International :


On est bien placés hein...


 
 
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