28 févr. 2009

Arretez les rotatives


C'est le dernier titre du Rocky Mountain News, le plus vieux quotidien de Denver, fondé en 1859 par William Byers. C'est aussi la première grande victime de la crise qui frappe la presse américaine, à quelques jours de son 150ème anniversaire.

Le journal, tiré à 210 000 exemplaires, connaissait déjà depuis plusieurs années des difficultés financières. En décembre dernier, il était mis en vente. Las, sans aucun repreneur, avec 16 millions de dollars de dettes, le journal n'a guère eu d'autres alternatives que de fermer ses portes, mettant au passage 230 américains de plus au chômage.

La Une du dernier numéro montre deux des employés du journal, le jour de l'annonce de la disparition du journal. Une vidéo retraçant cette dernière journée est en ligne sur le site du journal. La voici :


Final Edition from Matthew Roberts on Vimeo.

27 févr. 2009

Le texto contre la censure

Le "Comité pour la Protection des Journalistes" (CPJ) a présenté début février son rapport annuel sur la liberté de la presse, Attacks on the Press. Un communiqué de presse des Nations-Unis en détailles les grandes lignes, insistant notamment sur les nouvelles menaces auxquelles doivent faire face les journalistes :

"La génération précédente était plutôt confrontée à une forme d’intimidation physique dont l’origine était soit l’État, soit les trafiquants de drogues. Désormais, ce sont « les plus dépravés » qui s’attaquent aux journalistes avec les méthodes les plus horribles, y compris des enlèvements de membres de la famille et des assassinats."

Les journalistes, soumis aux menaces et aux intimidations ? C'est en tout ce que le rapport confirme au cours d'un intéressant chapitre consacré aux conditions de travail des journalistes africains. Un état de fait directement liés aux progrès des nouvelles technologies, qui permettent d'un côté un plus grand accès à l'information mais de l'autre côté permettent également aux discours les plus extrêmes de se faire entendre.

Ainsi le texto, canal idéal de diffusion de l'information quand l'accès aux ordinateurs se révèle impossible en Afrique, est une arme à double tranchant, exactement comme peut l'être Internet pour les pays plus développés :

"Cette redoutable arme de communication allait bientôt s'avérer à double tranchant alors que le pays [le Kenya] était en prise à des émeutes à caractère ethnique faisant des centaines de morts. D'un côté, le reportage par texto allait en effet permettre de contourner la censure gouvernementale et d' éclairer de façon importante la violence en cours, mais en même temps de nombreux usagers du SMS allaient jeter de l'huile sur le feu et répandre des menaces à travers le pays."

Bref, les technologies ne sont pas les mêmes, mais les défis et les enjeux restent les mêmes, quel que soit le pays concerné.

Un rapide tour d'horizon de la situation de la presse dans les pays africains par le CPJ à l'issue de son rapport est disponible ici.

Le Comité pour la Protection des Journalistes est une organisation indépendante à but non lucratif créée en 1981 afin de promouvoir la liberté d'expression. Son siège est à New York.

26 févr. 2009

La "Newsfactory" comme reponse a la crise ?


Des journaux qui ferment, ce n'est pas ce qui manque en ce moment. Un secteur de la presse en crise, ce n'est pas nouveau non plus. (voir ce billet) Une transformation du métier de journaliste, c'est une nécessité. Mais quelle transformation ?

Télérama a poussé les portes des bureaux du groupe NextRadio TV (BFM, RMC... fondé en 2000 par son actuel directeur) pour enquêter sur ce que la journaliste appelle "Les OS de l'information", où quand "L'information est un produit marketing comme un autre", comme l'explique Alain Weill, PDG du groupe (anciennement chez Sodexo et NRJ).

La "Newsfactory", c'est l'information low-cost, témoignages de salariés relatant leurs conditions de travail à l'appui ("A New York, le reporter n'avait ni salle de bains ni WC dans sa chambre", et j'en passe). Bref, la taylorisation et l'exploitation des journalistes comme solution à la crise?

Bien sûr, on connaît aussi Télérama pour sa tendance à l'exagération et à l'inflation... Et le groupe NextTV n'est sûrement pas le seul groupe à imposer des conditions de travail de plus en plus difficiles à ses salariés.

Reste qu'en avril 2008 déjà, les syndicats du groupe avaient déjà dénoncés la pratique du "cross-media" (traiter un sujet sur différents supports : presse, radio, TV...) en vogue chez les journalistes de RMC et et BFM.

A lire également les commentaires, qui valent eux aussi le détour.

25 févr. 2009

Il n'y a pas que General Motors et Chrysler...


... qui risquent de se retrouver sous la protection du Chapitre 11 de la loi sur les faillites, dont on entend tant parler ces derniers jours, le "Federal Bankruptcy Code".

La presse aussi n'échappe évidemment pas à la crise : Le quotidien Philadelphia Inquirer, qui couvre la région du même nom, aurait à faire face à près de 400 milliards de dettes, d'après l'AFP.

Le journal, qui appartient au groupe Philadelphia Newspapers, est l'un des plus anciens quotidiens américains encore actif (il a été créé en 1829). Il a remporté plusieurs fois le prix Pulitzer, considéré comme l'un des plus prestigieux titres journalistiques.

En image, la Une du Philadelphia Inquirer d'aujourd'hui.

24 févr. 2009

Le gouvernement turc met la pression

L'AKP, parti au pouvoir en Turquie, prépare-t-il le terrain pour les élections à venir ? Avec une amende astronomique de 322 millions d'euros pour "fraude fiscale" infligée au premier groupe de presse du pays, on peut le penser. Un excellent moyen de conforter la victoire acquise aux législatives en 2007.

Parce qu'on ne peut pas vraiment dire que le groupe Dogan (Hürriyet, Milliyet...) soit du côté du gouvernement. Dirigé depuis Bruxelles par Aydin Dogan, en exil depuis le coup militaire de 1971, le groupe s'est déjà illustré pour ses propos anti-gouvernementaux, en particulier l'année dernière à l'aoccasion de l'affaire "Deniz Feneri" (Le Phare).

"Le Phare" : Du nom de cette association caricative proche du pouvoir et dont l'opacité des circuits de financement avait amené certains journalistes à se poser la question des véritables objectifs de l'association... Une interrogation qui avait rapidement dégénéré entre journaux pro et anti-gouvernementaux.

Mais au-delà du groupe, c'est l'homme qui est visé. Journaliste reconnu par ses pairs, défenseur des droits de l'Homme, il avait été remercié pour son travail de journaliste par le TCG (Association des Journalistes de Turquie), ce qui n'avait manqué de déclencher l'ire de ses détracteurs...

Pour en savoir plus sur l'homme, allez jeter un coup d'oeil à cet appel à signatures.

Le site de son agence de presse, pas très tendre avec le pouvoir turc : Info-Turk.
 
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