La nouvelle est tombée mardi : soitu.es (littéralement "Je suis toi"), le Rue89 espagnol, a fermé ses portes faute de moyens, le groupe bancaire BBVA, qui finançait le site, ayant décidé de couper les vivres. Trop frileux sans doute...
Après 22 mois d'activité, le pure player espagnol, récompensé deux fois par la Online News Association dans la catégorie "Meilleur site non anglophone de moins d'un million de visiteurs" (et ce il y a encore quelques jours à peine) succombe donc à la crise qui frappe durement le pays.
La Fédération des associations de journalistes espagnols expliquait d'ailleurs récemment que près de 3 000 postes de journalistes avaient été supprimés dans le pays en moins d'un an, sur un total de 30 000.
Le journal avait été fondé le 27 décembre 2007, jour de l'attentat qui avait coûté la vie à Benazir Bhutto, par quelques journalistes dissidents du quotidien de référence El Mundo, et menés par Gumersindo Lafuente.
Le journal, en situation difficile, avait déjà réduit ses effectifs (passant de 38 à 23 journalistes) et ne vivait plus que des recettes publicitaires. Les visages des journalistes espagnols rappellent, malheureusement, ceux des journalistes du Rocky Mountain News, journal américain fondé en 1859 (!) et qui avait mis la clé sous la porte en février.
Deux histoires, deux modèles économiques différents, et pourtant un même destin. La fermeture du premier pure player (re)met en lumière la situation difficile à laquelle sont confrontés ces nouveaux sites d'information, qui représentent pourtant, à bien des égards, l'avenir de la profession (Rue 89 en profite pour rassurer ses lecteurs).
Seulement, investir dans un tel média est une prise de risques. A plus forte raison en période de crise économique. Il n'empêche que, tôt ou tard, il faudra y passer, et qu'il ne sert à rien de reculer perpétuellement une échéance inévitable (ce que Rupert Murdoch, par exemple, ne semble pas avoir complètement intégré).
Ironie du sort, le journaliste Leonard Downie et l'universitaire Michael Schudson viennent de publier un essai pour la "Reconstruction du journalisme américain". Quand on lit ces lignes, on ne peut s'empêcher de penser que soitu était pourtant bien parti...
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